LITTLE BIG PORTRAIT ANTHONY ALBERTI
GRAFFITI ANTHONYGraffeur, peintre, photographe et bientôt sculpteur, rencontre avec Mr OneTeas, street-artiste autodidacte qui place le recyclage au cœur de sa démarche artistique Les résidents monégasques se souviennent bien de son exposition de photographies monumentale qui recouvrait la façade du Ni-Box, d'avril à août 2016. Et rassemblait 689 clichés en forme de portraits en noir et blanc, qu’Anthony Alberti, plus connu sous son nom d’artiste Mr OneTeas, avait lui même photographiés et collés, pendant trois jours, perché sur une nacelle. Projet faisant parti de l'«Inside out project» crée par l’artiste JR en 2011. Anthony a réalisé et autofinancé la version monégasque. «Je voulais montrer qu’il n’y a pas que des jet-setteurs à Monaco. Bien au contraire, 50.000 personnes y travaillent dans l'ombre et constituent l’âme de la Principauté.» Eboueurs, cuisiniers, banquiers, médecins, serveurs, autant de visages rieurs, moqueurs, authentiques, placés les uns contre les autres, comme des briques, symbolisant ainsi le mur de Monaco. Le musée, c'est la rue «A l’image de nombreux autodidactes, j’ai une soif d’apprendre, de me renouveler. Tous les jours, je veux faire quelque chose de différent. Je ne suis pas un académiste. Dans le street-art, le musée, c’est la rue.» Et c’est précisément dans la rue que Mr One Teas commence à peindre, dans des lieux abandonnés. Par hasard. Après un accident de voiture, un ami artiste, Kräsh2, lui propose de graffer un mur avec lui. «J’avais vingt ans et je ne savais pas peindre. Depuis, je ne me suis plus arrêté.» S’il est d’abord attiré par le côté illégal, le street-art est vite devenu une passion. «Il y a plusieurs approches possibles dans l’art du graffiti, soit il s’agit d’une conquête de territoire avec l’objectif de faire le plus de tags possible, soit il s’agit de revendiquer des messages.» Militant anti consommation
Au début, il aime surtout l’idée de laisser des traces colorées dans les paysages urbains. Mais son message devient peu à peu plus militant. Il récupère des objets dans la rue, les poubelles, les débarras puis les transforme, les peint. Et place le recyclage au centre de sa démarche. Devenant ainsi, un pourfendeur de la société de consommation et de l’obsolescence programmée. «On est tous victimes de cette surconsommation. J’aime l’idée de réutiliser quelque chose qui n’a plus d’intérêt afin de lui donner une deuxième vie pour susciter une réaction, voire une prise de conscience.» Parmi ses modèles, il cite les nouveaux réalistes comme Arman, Duchamp, César, Raymond Hains et Mimmo Rotella. Mr OneTeas peut aussi bien découper des caisses de vin sous la forme de briques, servant ainsi de support à sa peinture comme dans la série "All the same but different" ou détourner le logo de McDonald pour dénoncer la manipulation de l’enseigne de fast-food qui «offre des cadeaux aux enfants pour les remercier d’avoir mangé une nourriture qui les intoxique.» Ainsi, il a pu peindre Blanche-Neige et Pinocchio, tous deux déguisés en clown Ronald, l’une mangeant un hamburger empoisonné et l’autre, le nez allongé avec derrière lui l’inscription « liar, liar », pour sa série intitulée « the Wack Donald's project ». "Le principe de ce projet est de transformer des icônes célèbres en les contaminant, contamination symbolisée par leur code vestimentaire aux couleurs du fameux clown. Cette critique du géant de la mal-bouffe s'est étendue à d'autre entreprises comme Monsanto, Coca-Cola, Dunkin Donuts, etc." Contre la pollution visuelle Autre cible de l’artiste, la publicité. « Cela fait cinquante ans qu’on se fait maltraiter par la pub. » Et de citer en exemple le projet activiste « No-ad », né dans le métro de New-York, où des street-artistes remplacent numériquement des affiches publicitaires par leurs propres œuvres, via une application téléchargeable gratuitement ou d’autres, ailleurs, qui les détournent en graffant dessus, voire les arrachant. Tous, avec le même objectif de lutter contre la pollution visuelle des villes. On sent aussi beaucoup de tendresse et de générosité chez cet artiste qui donne régulièrement des œuvres au profit d’associations caritatives contre le sida, l’autisme ou le cancer. Et s’il se vend dans des galeries, il souhaite produire également des œuvres abordables pour les plus modestes. Le marathon, en attendant les sculptures Ce perfectionniste qui dit ne pas aimer les vacances, travaille tout le temps. Et ne boit que du thé. « J’ai arrêté l’alcool depuis sept ans et je ne fume plus ». Il dit aussi aimer les challenges. « J’ai pris l’engagement de participer au marathon de New-York l’année prochaine alors que je n’ai jamais couru ! Mais j’ai besoin de repousser mes limites. » Et promet de nous faire découvrir ses premières sculptures en expérimentant plusieurs techniques comme la soudure, la moulure et le bronze l’année prochaine. Après le marathon ? "voyager et aller à la rencontre des gens"Quel lieu vous inspire le plus à Monaco ?
Le toit de mon immeuble ! C’est un lieu qui me permet de réfléchir et qui est un point d’observation. J’aime aussi le port de Fontvieille avec le rocher éclairé le soir. Vos restaurants coup de coeur ? Moshi-Moshi à Fontvieille. La chef Toshimi Takiya est une de mes amies. Elle revisite la cuisine méditerranéenne, comme la salade niçoise, sous forme de sushi méditerranéen. Vos bons plans forme ? Continuer de voyager et aller à la rencontre des gens. Un de vos petits bonheurs quotidien ? Se réveiller auprès de la femme que j’aime, qui m’inspire et à qui j’essaie de rendre tout ce qu’elle me donne. J’ai envie qu’elle réussisse et si demain elle devait être plus célèbre que moi, j’en serai très fier. Des artistes locaux que vous admirez ? Arman et Folon qui avaient tous deux leur atelier à Monaco. Matéo Mornar qui est à la fois une belle personne, un autodidacte et un grand artiste. Ma femme, Jen Miller qui fait du « newspaper art » et créé des œuvres magiques avec du papier journal découpé. J’aime aussi beaucoup le photoreporter Nick Danziger et le photographe Guillaume Plisson grand spécialiste du monde de la mer. Et aussi Patrick Gibelli, qui a fermé sa carrosserie pour devenir un artiste prolifique qui ne s’arrête jamais ! Votre adresse secrète à révéler à nos lecteurs ? La Tête de Chien pour la même raison que le toit de mon immeuble : s’élever au-dessus d’une ville et observer la fourmilière des gens qui s’activent, et ainsi, prendre du recul. |
© LIONEL BOUFFIER
Inside out project Monaco, 2016
"The Wack Donald's project"
“La Télé-Commande” (aerosol sur télécommandes et bois, 100x100cm, série "Recycl'Art")
Pour plus d'informations sur Mr OneTeas : https://www.facebook.com/Mr.OneTeas https://www.instagram.com/mroneteas/ Le film réalisé par Arnaud Moro sur vimeo Un interview dans la revue tenten |
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