LITTLE BIG PORTRAIT mimoza koike
danseuse multipleDanseuse aux Ballets de Monte-Carlo depuis 14 ans, Mimoza Koike est aussi chorégraphe, peintre et photographe. Elle aime se nourrir de tous les arts et choisir des projets singuliers et exigeants, à son image. Silhouette longiligne, gestes harmonieux, démarche gracieuse, rien qu’à la voir s’avancer vers nous, on devine son métier. Mimoza Koike nous reçoit dans l’atelier des Ballets de Monte-Carlo, lieu d’entrainement de la troupe. Immenses salles de répétition baignées de soleil, photographies en noir et blanc de danseurs accrochées aux murs, maquettes de décors, valises alignées en vue d’une tournée imminente et piano en fond sonore. L’endroit est magique. A peine la discussion entamée, ce qui frappe, c’est son humour et sa personnalité. « Je trouve l’inspiration partout. Parfois je pense à une attitude, une émotion, et j’entre dans le personnage en plein milieu de la rue. Si on me regarde à ce moment là, on doit me prendre pour une folle ! », explique Mimoza en riant. Née dans une famille d’artistes, sa mère est peintre et son père, architecte. Elle doit son prénom à l’amour de ses parents pour le mimosa qu’ils ont découvert à Marseille alors que son père était aux Beaux-Arts. « Ils ont d’abord appelé leur voiture Mimoza, puis plus tard, choisi ce nom pour leur fille ! » Trop grande ! Mimoza commence la danse à six ans, à Tokyo. « Mon professeur me disait que je ne pourrais jamais devenir danseuse car j’étais trop grande et que je ne trouverais jamais de partenaire à ma taille ! » Elle ne se décourage pas pour autant. Ses parents la soutiennent et très jeune, elle est repérée par un chorégraphe contemporain qui croit en elle. Dès 13 ans, elle travaille avec des professionnels. Mais elle doit quitter son pays pour poursuivre sa formation. « Au Japon, il n’y a que des écoles privées de danse qui ne délivrent pas de diplôme. » Elle est acceptée à 15 ans au très réputé Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon. « Je ne parlais pas un mot de français et je me suis retrouvée en internat. Deux mois plus tard, j’ai commencé à comprendre où commençaient et finissaient les phrases et au bout de six mois, je parlais presque couramment ! » Mais ce qui lui plaisait surtout, c’est l’acceptation de sa singularité. « Au Japon, je me sentais différente. J’étais trop grande et presque considérée comme un monstre ! En France, ce n’était pas un problème d’être différente ! » Une compagnie ouverte A Lyon, Mimoza apprend la danse classique et contemporaine. Elle est classée première élève et une fois diplômée, intègre le ballet de ce conservatoire. Puis elle est engagée au Ballet du Grand Théâtre de Genève en 2001. Cette même année, elle se produit au Monaco Danse Forum et elle est repérée par Jean-Christophe Maillot. Elle intègre Les Ballets de Monte-Carlo en 2003 et s’y sent si bien qu’elle y est toujours, quatorze ans plus tard. « C’est une compagnie ouverte, composée de plus de vingt nationalités. Je peux y incarner des rôles très différents, une fille naïve, romantique, une méchante, ça fait grandir mon imagination. Jean-Christophe, qui est un grand amateur de cinéma, aime que les danseurs, comme les acteurs, s’identifient à fond à leur personnage, incarnent leurs émotions, leur personnalité. Cela me permet d’exprimer toute une gamme de sentiments et de danser des rôles multiples. » Nommée soliste en 2005, la danseuse interprète notamment Titania dans Le Songe, la fée dans Cendrillon ainsi que des rôles dans des ballets créées par des chorégraphes invités comme Forsythe, Jiri Kylian ou Sidi Larbi Cherkaoui. De la danse à la chorégraphie Mimoza s’est aussi découvert une passion pour la chorégraphie. Et multiplie les projets, comme notamment la pièce « Rossignol » en 2010 pour le Monaco Danse Forum et « Ichi Ni San » dans le cadre des Imprévus des Ballets de Monte-Carlo en 2012. Ou encore, au Musée Chagall de Nice, où elle créé une performance avec les danseurs chorégraphes Gaétan Morlotti et Bruno Roque sur l’enfance de Chagall. « J’adore ces projets où l’on peut croiser différents arts. » En 2010, elle rejoint Le Logoscope à Monaco et organise le Japan Dance projet, un cycle de spectacles donnés à Tokyo en 2015 et « Révolution agraire » une performance et du théâtre dansé, qui sera filmé fin mars 2017 et diffusé dans des musées, grâce à une campagne de financement participatif sur Kiss Kiss Bank Bank. Depuis quelques temps, Mimoza fait de la photographie. « J’ai commencé lors de mes voyages à photographier des décors, des lieux insolites, des ascenseurs », indique-t-elle. Et aussi des paysages majestueux comme la vue de sa fenêtre à Roquebrune, face à la mer. Inspirer et transmettre « Je n’ai jamais vraiment eu de modèles même si de nombreux danseurs m’inspirent comme Bernice Coppieters ou Gaëtan Morlotti », explique Mimoza. Qui n’oublie pas de transmettre son art en organisant des ateliers à l’Ecole de ballets de Tokyo. « C’est important de ne pas garder tout ce qui j’ai appris pour moi. J’aimerais montrer, au Japon, qu’être différent, peut être un atout et je voudrais stimuler l’imagination des élèves des ballets japonais. » Car Mimoza n’oublie pas son pays, même si elle a plus longtemps vécu en Europe qu’au Japon. C’est dans ses racines qu’elle puise une partie de son inspiration, comme dans le théâtre Nô ou le Kabuki. « J’aime vraiment le Japon, son histoire, son art et sa nourriture ! Je voudrais partager ma vie entre la Côte d’Azur et mon pays. » Et la douleur dans tout ça ? « Evidemment, c’est difficile de danser quand on souffre mais les moments les plus durs physiquement ont a aussi été ceux où j’ai le plus appris. Quand mes jambes étaient blessées, j’ai beaucoup travaillé les bras et j’ai réfléchi à une façon de travailler différemment. Et puis, j’adore danser ! » Prochains spectacles des Ballets :
"Les Imprévus" les 7 et 8 Avril, à l'Atelier des Ballets de Monte-Carlo (soirées réservées aux détenteurs de la carte des ballets.) A 19h. Informations : http://www.balletsdemontecarlo.com @ Alice Blangero
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@ Alice Blangero
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"à garnier, je ressens l'énergie des ballets russes"Quel lieu vous inspire le plus à Monaco ? La salle Garnier. Quand j’y danse, je ressens l’énergie des Ballets russes et la créativité de tous les grands artistes qui s’y sont produits. Dans la journée, les rideaux sont ouverts et on voit la mer et les rochers. C’est magique. Cela m’inspire car ça me rappelle cette histoire, où des artistes comme Picasso et Cocteau ont mêlé leur art à la danse. J’aimerais continuer à travailler dans cet esprit là ! Vos restaurants coup de cœur ? J’aime beaucoup le marché à Monaco, avec le restaurant japonais Kudera et l’italien, le Comptoir. J’ai l’habitude de mélanger les deux cuisines, dans un même repas. Vos bons plans forme et/ou beauté ? Manger bio, bien dormir et faire de la danse ! Un de vos petits bonheurs du quotidien ? De chez moi, j’ai la chance d’avoir une vue incroyable sur la mer. Je vois aussi des oiseaux qui viennent picorer les kakis ou des chats qui grimpent aux arbres. Et le soir, je contemple la lune qui trace des couloirs sur la mer. J’aime beaucoup aussi cuisiner. Des artistes locaux que vous admirez? Jean-Christophe Maillot, le directeur des Ballets de Monte-Carlo et Agnès Roux, la fondatrice du Logoscope. Votre adresse secrète à révéler à nos lecteurs (à Monaco ou aux alentours) ? La restaurant la Différance. |
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