LITTLE BIG PORTRAIT Catherine Alestchenkoff
L'ART POUR RêVER La directrice des événements culturels du Grimaldi Forum nous dévoile les coulisses de son métier et l’exposition estivale « La cité interdite à Monaco », consacrée à la dernière dynastie de la Chine impériale
Catherine Alestchenkoff se définit comme discrète et répond à peu d’interviews. Mais à peine l’interroge-t-on sur son métier qu’elle ne cesse de parler. Avec passion. Entourée de livres d’art qui tapissent les murs de son bureau du Grimaldi Forum où elle dirige le département des évènements culturels, elle nous reçoit chaleureusement. Après avoir été notamment assistante d’exposition au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris et avoir assuré la conception et le suivi éditorial de produits dérivés au département « Editions d’objets » de Paris-Musées, Catherine Alestchenkoff s’engage au tout début de l’aventure du Grimaldi Forum en 2000. Sa mission ? « Susciter des émotions ! Et donner du rêve à travers des événements culturels en présentant des expositions uniques, jamais montrées ailleurs, avec une écriture scénographique particulière », comme elle le précise. Elle met alors en place une programmation phare chaque été, avec une exposition qui devient vite un rendez-vous culturel incontournable. Et enchaine les thématiques variées, alternant les sujets patrimoniaux, monographiques ou art contemporain, toutes traitées de façon inédite. Série de succès C’est avec le succès de l’exposition « Super Warhol » qui présentait des œuvres monumentales de l’artiste américain en 2003, que les portes des grandes institutions se sont ouvertes. Et a fait gagner au Grimaldi forum sa légitimité sur la scène culturelle internationale. La suite est une série de succès, comme notamment « Les Années Grace Kelly, Princesse de Monaco » en 2007, « Reines d’Egypte » en 2008, « Monaco fête Picasso » en 2013 avec la collection Nahmad, « ArtLovers » en 2014 avec la collection d’art contemporain de François Pinault, « De Chagall à Malevitch, la révolution des avant-gardes » en 2015 et « Francis Bacon, Monaco et la culture française » l’année dernière. Parmi un de ses meilleurs souvenirs, Catherine Alestchenkoff cite « Arts of Africa » qui en 2005 réunissait des œuvres primitives et d’artistes contemporains africains, venus pour la première fois à Monaco, assister à l’événement. « Cela a été une très belle expérience humaine car nous avons très peu l’occasion de rencontrer des artistes contemporains. » Mais elle propose aussi des événements culturels hors période estivale afin de fidéliser le public local notamment avec des expositions de photographes comme Yann Arthus-Bertrand, Helmut Newton, Robert Doisneau, Willy Rizo, Suzanne Held, etc. Et fait de cet espace d’exposition un lieu ouvert à tous. Raconter une histoire « Créer une exposition, c’est d’abord raconter une histoire. » Chaque nouvel événement nait de la même façon. Catherine Alestchenkoff propose, suggère ou recueille des projets qui doivent répondre, le mieux possible, aux attentes du public culturel de la Côte d’Azur. Une fois le bon angle trouvé, reste à chercher et confirmer le commissaire « qui aura la qualité de conteur », recueillir l’aval du Board et s’assurer de la disponibilité des œuvres. « En principe, une exposition se prépare au mieux trois ans à l’avance. » Ce fut le cas pour l’exposition de cet été « La Chine impériale » qui évoque la cour de la dernière dynastie chinoise qui régna de 1644 à 1911. « En 2001, nous avions organisé « La Chine du 1er empereur » avec des œuvres de guerriers et chevaux de l’armée en terre cuite, prêtées par la Chine à l’issue d’un voyage diplomatique de S.A.S. le Prince Albert. Nous avons voulu poursuivre cette évocation de la Chine impériale qui fascine tant, cette fois-ci, sous la dernière dynastie. » La Chine à Monaco Plus de 250 œuvres sont ainsi présentées, sur plus de 3.000 m2, dont la plupart proviennent de la cité interdite et aussi de musées occidentaux. La scénographie offre une plongée dans les salles, en enfilade, chacune étant dédiée à une fonction de l’empereur qui était à la fois chef religieux, militaire et des lettres… C'est aux côtés du commissaire Jean-Paul Desroches que Catherine Alestchenkoff met en œuvre l'exposition, avec l’aide complice de toute une équipe. Après dix sept années de créations uniques, celle qui aime nous faire rêver a-t-elle encore des rêves ? « J’aimerais créer une exposition à partir des collections privées de Monégasques et raconter l’art à travers ces collections. » On attend la suite avec impatience ! Pour plus d’informations sur l’exposition « La cité interdite à Monaco » : www.grimaldiforum.com Tous les jours, de 10h00 à 20h00, nocturnes les jeudis jusqu'à 22h00. Jusqu’au 17 septembre. "ME BALADER SUR LE VASARELY DU TOIT DU FAIRMONT !" Quel lieu vous inspire le plus à Monaco ?
L’Opéra de Charles Garnier et plus particulièrement sa façade sur les jardins, le triomphe de l’architecture et du style Belle-Epoque tout comme le témoignage des grandes réceptions qu’on savait donner sur la Riviera. Vos restaurants coup de cœur ? La DifférAnce, sur le chemin des douaniers en direction de Menton, est le lieu qui désigne le calme absolu, avec vue directe sur la mer, la nature, le soleil et une échappée sur le bleu azur de notre côte. Vos bons plans forme et/ou beauté ? Côté forme, je m’échappe dès que possible dans l'arrière pays, aux portes du Mercantour pour de longues promenades revigorantes en montagne. Un de vos petits bonheurs du quotidien ? Regarder la mer, observer la lumière changer sur cet horizon sans limite. Des artistes locaux que vous admirez? J’ai toujours grand plaisir à visiter des ateliers d’artistes, et il est vrai que le Grimaldi Forum n’a pas vocation à être une galerie d’art permanente ni de présenter spécifiquement de jeunes talents. Ma curiosité en la matière se tournerait plus volontiers vers le Pavillon Bosio, l'École Supérieure d'Arts Plastiques de la Ville de Monaco, qui incarne, ici même en Principauté, un vrai laboratoire d’artistes où workshop, rencontres, performances, expositions et enseignement de l'art sont les maîtres mots. Votre adresse secrète à révéler à nos lecteurs ? J’ai découvert peu de temps après mon arrivée à Monaco un site qui demeure emblématique à mes yeux. En février 2001, nous venions d’inaugurer une exposition consacrée au travail photographique de Yann Arthus-Bertrand « La Terre vue du Ciel » et celui-ci avait programmé un survol en hélicoptère de certains sites de la Principauté de Monaco. Parmi ceux-ci, le toit de l’hôtel Fairmont qui est une immense oeuvre in situ signée Vasarely. Se balader sur ce splendide promontoire donnant sur la Méditerranée au beau milieu d’une oeuvre d’un artiste que l’on redécouvre aujourd’hui reste un moment d’autant plus fort qu’il est rare d’accéder à cet endroit. Catherine Alestchenkoff par Yves Clerc @DR
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Catherine en préparation de l'exposition "La cité interdite à Monaco" @DR
Catherine Alestchenkoff photographiée aux côtés du portrait de Francis Bacon par Carlos Freire © Pascal Giron (2016)
Yann Arthus-Bertrand. Terrasse Vasarely (2001)
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